Messagepar saïd » lun. mai 26, 2008 8:50 pm
Salam a'laykom!
Décidément, entre les "fatwa" (consultation juridique qui n'engage que l'auteur) qui pullulent sur le net, il y a souvent débat ! Forcément!
Je suis très surpris du commentaire de celle mentionnée dans le sujet, à savoir "demander la permission à la première épouse pour en prendre une seconde".
A ce propos, après bien des recherches relatives au droit musulman, inspiré directement des principes édictés par Dieu au moyen du Coran, ainsi que de l'exemple du prophète Mohammed (pbdsl), les conditions d'un mariage valide demeurent lors d'une polygamie. Et pour cause!
L'une des conditions sinequanone qui rendent le caractère licite d'un mariage est le consentement mutuel. Ce fameux double accord, à la fois celui du futur mari et de la future épouse.
Petite aparté à ce sujet, un mariage sans l'accord des futurs époux est illégal en Islam.
Un père ou une mère ne peut contraindre son enfant à se marier avec quiconque.
Ce genre de mariage était en vogue avant l'Islam, qui l'a rendu caduque. A l'époque, les hommes prenaient les femmes qu'ils désiraient, à leur seule convenance, celles-ci n'étant que l'objet de leurs désirs, et rien d'autres, sans mot à dire. On ne leur reconnaissait aucun statut.
Quant aux pères, ils mariaient leurs filles sans leur consentement, prenant leur dot à leur propre compte. Tout ceci est parfaitement contraire à l'Islam. Ce ne sont que des habitudes tribales qui, malheureusement, ont encore cours à travers le monde.
Le prophète Mohammed (pbdsl) était très soucieux des droits des femmes. Il usait, d'ailleurs, du meilleur des comportements à leur égard. Personne ne pouvait soutenir la comparaison.
L'exemple concernant sa fille Fatima est très parlant. Lorsqu'un homme venait lui demander la main de sa fille Fatima, il lui répondait qu'il transmettrait la demande à sa fille. Qui refusait généralement, jusqu'à accepter la proposition d’Ali (que Dieu l'agrée). Fin de l'aparté.
Lorsqu'un mari projette de prendre une seconde épouse, cette condition, évidemment, demeure.
Au nom de quoi disparaitrait-elle?
Bien au contraire, elle a plus forte raison!
En effet, ce projet concerne en premier lieu la première épouse. Il est donc logique qu'elle donne son accord, ou pas, sans que le mari n'ait mot à dire!
Le consentement, dans ce cas, devient triple, puisqu'une troisième personne est concernée.
Cela supposera donc le consentement de l'épouse, du mari, et de la seconde future épouse.
Contracter un mariage sans la connaissance et l'accord de l'épouse, revient à rendre caduque ce second mariage. Il est par ailleurs un devoir d'informer la future seconde épouse du premier mariage existant.
La remarque d’Assim a forte raison lorsqu’il affirme que lors de l’établissement du contrat de mariage, l’épouse peut faire stipuler la monogamie comme la règle de leur union. Alors, le mari devra s’y conformer car cette règle ne vas pas à l’encontre de l’esprit de l’Islam. D’où l’importance du contrat de mariage. Beaucoup de gens attendent d’être mariés pour avoir des exigences. Alors que le contrat de mariage sert à cela justement ! Il est plus utile et pertinent de s’accorder avant de signer, plutôt qu’après.
Il existe des hommes qui font ce qu'ils veulent sans rien dire à leur épouse. Ainsi, ils prennent des épouses à chaque port ( pas plus de quatre quand même), tels des marins sans Foi ni Loi, en cachant les faits aux femmes concernées.
Tout cela en pensant, pour certains, qu'ils peuvent le faire.
Or, cette façon de faire est non conforme aux prescriptions islamiques et donc invalide.
Certes, l'homme peut décider de prendre une seconde épouse, mais certainement pas sans que la première n'ait mot à dire et ne doive qu'accepter. Si le mari agit de la sorte, alors la première épouse est en droit de demander le divorce.
L'exemple du prophète Mohammed (pbdsl) est clair à ce sujet. Aucune de ses femmes n'a souhaité divorcé après qu'il leur a demandé à chaque fois leur acceptation.
Lors d'une polygamie, toutes les personnes concernées doivent avoir la parfaite connaissance de la situation, ceci dans le but de décider en pleine conscience.
Par conséquent, prendre une seconde épouse sans l'accord explicite de la première, rend cette union nulle et non avenue selon le droit musulman.
"incapacité à préserver sa pudeur par le biais d'une seule épouse"
Il est à noter que commettre un acte illégal pour son propre intérêt, en l'enrobant de soi-disant possibilité spirituelle, constitue un tort encore plus grand.
La polygamie n'est certainement pas une raison à l'incapacité pour un homme de préserver sa pudeur, ou devrais-je dire sa chasteté hors mariage. Ce serait faire offense aux commandements d'Allah de maîtriser ses instincts et penchants nuisibles.
Un tel homme devrait plutôt en parler à sa femme afin qu'ils s'entendent, et, musulman qu'il est, devrait apprendre à se contrôler plutôt que de se jeter sur une autre pour assouvir sa "bestialité" masculine. Qu'il s'en retourne plutôt vers Dieu!
L'être humain n'est pas une bête! Il est doué de raison et de conscience.
A présent, il serait utile d'apporter quelques précisions au sujet de la polygamie qui permettrait d'éclaircir cette notion en Islam.
Tout d'abord, quant à la répulsion qu'entretiennent beaucoup de non musulmans à l'égard de la polygamie. Il est drôle de constater qu'ils trouvent de plus en plus normal de prendre amant et maitresse, voire de s'échanger les partenaires. Tout ceci provoquant des dégâts considérables envers les époux, les enfants, les familles, et la société. De grands pourfendeurs de la polygamie se sont avérés avoir maitresse et délaisser leur femme.
Nous pouvons lire, souvent, que c'est un droit, parfois même, un devoir. Cela suppose le caractère indiscutable.
Or, la polygamie est loin d'être la règle, celle-ci étant la monogamie.
La polygamie est une exception, définie par Allah pour pallier à certaines situations, notamment en période de guerre, source de nombreux orphelins et veuves laissées à l'abandon total.
C'est dans ce contexte que le verset citant la polygamie a été révélé.
A l'époque, les musulmans, en l'occurrence après la bataille d'Ohod, selon les historiens, ont vu beaucoup d'entre eux tués par les idolâtres, faisant beaucoup d'orphelins et de veuves dénuées et isolées, ne sachant pourvoir à leurs besoins.
C'est alors qu'Allah à permis cette exception, en la limitant et en la légiférant, au passage, ce qui n'avait jamais été fait jusqu'alors dans toutes les écritures saintes.
Allah a d'une part limité la polygamie, mais lui a aussi octroyé le statut d'exception, et non de règle.
"Et si vous craignez de n'être pas justes envers les orphelins,...Il est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela afin de ne pas faire d'injustice"(s. 4, v. 3)
Nous pouvons, dans un premier temps, constater que ce verset prend place dans la sourate 4 "An-Nissa" (Les Femmes) dans laquelle la notion de crainte de l'injustice marque de façon indélébile des domaines traitant des règles instituées par Dieu à propos des biens de l'orphelin, d'héritage, notamment des femmes, de mariage, de repentir, de comportement à l'égard des parents, proches parents, orphelins, etc., et d'autres domaines.
Notons, en passant, qu'Allah a certainement voulu marquer l'importance de la responsabilité des hommes quant au traitement réservé aux femmes, en donnant à une sourate le titre "Les Femmes". Qui plus est, l'une des sourates les plus longues et importantes!
C'est dire la place octroyée par Dieu à la gente féminine! Nous devrions méditer à ce sujet. Il n'y a pas de sourate portant le titre "Les Hommes". Allah connaissant parfaitement ses créatures, et seul capable de sonder le coeur et l'esprit, il est probable qu'Il a voulu avertir les hommes contre tout comportement injuste et supérieur envers les femmes, et les inciter à plus de rigueur dans le but de bien traiter leurs sœurs en humanité, qui ont la même essence divine que leurs frères, les hommes. Rappel dans le premier verset de cette sourate :
"Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, et a créé de celui-ci sont épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement."
Crainte de déplaire à notre Seigneur, principe d'égalité humaine homme-femme, sacralisation des liens du sang, prise de conscience que notre Créateur a connaissance de nos actes et paroles, dévoilés comme cachés.
D'où le principe d'égalité naturelle posée dès la création, entre ces deux entités venant de la même essence. Principe fondamental qui aide à comprendre notre dessein, notamment en matière de vie de couple et vie familiale entre frères et sœurs.
Revenons à nos moutons!
Voici donc le seul verset parlant de polygamie : "Et si vous craignez de n'être pas justes envers les orphelins,...Il est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela afin de ne pas faire d'injustice"(s. 4, v. 3)
Celui-ci fait suite au second verset qui nous enjoint à protéger et respecter l'orphelin, à travers en l'occurrence ses biens "Et donnez aux orphelins leurs biens; n'y substituez pas le mauvais au bon. Ne mangez pas leurs biens avec les vôtres"(début du verset), avec crainte de l'injustice car "c'est vraiment un grand péché"(fin du verset).
Là vient le troisième verset concernant la polygamie, qui suit le second verset susmentionné et traite encore de l'orphelin. Remarquons la façon dont il commence.
En effet, ce troisième verset commence par "Et si...". Nous sommes donc dans la condition. Cette locution est, d'ailleurs, répétée une autre fois dans ce même verset, au milieu. Nous ne pouvons donc niée la notion de condition.
Par ailleurs, cette notion est liée intimement à la notion de crainte de l'injustice "Et si vous craignez de n'être pas justes,........, si vous craignez de n'être pas justes....".
Donc, Allah, après nous avoir rappelé le comportement de justice envers l'orphelin dans le second verset, nous dit que si nous craignons d'être injustes envers l'orphelin, nous pouvons épouser jusqu'à quatre femmes
"Et si vous craignez de n'être pas justes envers les orphelins,...Il est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent,". La polygamie est donc rapportée directement à la crainte de l'injustice envers l’orphelin (et non un moyen d'exprimer ses pulsions sexuelles!).
Puis apparaît la seconde condition reliée également à la crainte de l'injustice, "mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez". Allah nous parle donc de l'importance de la justice quant au traitement égalitaire envers les coépouses, et suppose la difficulté car il nous dit que si nous craignons d'être injustes envers elles, "alors une seule". Allah aboutit finalement à la norme : la monogamie.
Enfin, la fin du verset nous explique la raison de cette norme "Cela afin de ne pas faire d'injustice".
En somme, le meilleur chemin pour éviter d'être injuste en matière de mariage est la monogamie. La polygamie étant une responsabilité lourde à assumer, avec le souci permanent d'user de justice parfaite entre les épouses. Allah insiste à ce sujet dans un autre verset de cette sourate, que nous verrons plus bas.
Lorsque l'on continue les versets suivants, on constate que le sujet de l'orphelin est omniprésent, et que la notion de polygamie prend sa place au milieu des commandements relatifs à la conduite à tenir envers les orphelins, et les veuves, dans le but de signifier que la polygamie peut être une solution à un problème social donné, dans un cadre donné : l'exception. Mais gare à l'injustice!
Il est regrettable de voir à quel point des musulmans sont soucieux du respect d'un commandement dans certains domaines, allant jusqu'à s'enquérir de la meilleure façon de l'appliquer, alors que lorsqu'il s'agit de polygamie, plus un mot, plus de conscience! Alors que le mal peut être grand car, rappelons-nous de ce que Dieu qualifie l'injustice de "grand péché".
La polygamie a des règles strictes qui ne laissent de place au laxisme, au "je fais comme il me plait (pour les hommes)". Oh que non! Elle est une exception qui prend place dans le cadre de solutions à un problème social donné, tel le contexte dans lequel le verset a été révélé.
Il est important, notamment pour certains versets, de s'attacher au contexte de la révélation pour mieux en saisir le sens.
Enfin, voyons comment Dieu, quelques versets plus bas de la même sourate, enfonce le clou du risque important d'injustice faite aux femmes dans le cadre de la polygamie et renseigne très bien sur l'extrême rigueur à adopter dans nos conduites.
Dans le verset 129, Allah dit : "Vous ne pourrez jamais être équitable entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux. Ne vous penchez pas tout à fait vers l'une d'elles, au point de laisser l'autre comme en suspens. Mais si vous vous réconciliez et vous êtes pieux... donc Allah est, certes, Pardonneur et Miséricordieux."
Ce qui confère donc le caractère exceptionnel de la polygamie (du fait de l'impossibilité à être juste) qui ne peut être qu’une solution pour répondre à un problème social bien défini, tel, par exemple, la protection de la veuve et de l'orphelin, mentionnée dans le verset en question dans le Coran.
En droit musulman, il existe plusieurs catégories définissant les actes.
Allant de ce qui est obligatoire, recommandé, permis, déconseillé et interdit.
La polygamie se trouve dans celle des actes permis, sous conditions strictes.
Elle n’est nullement encouragée, Dieu l’ayant cité une seule fois dans les 114 sourates que compose le Coran, dans un contexte particulier !
La règle demeure donc, par excellence, la monogamie.
Nous devons souligner, à ce propos, que le prophète Mohammed(pbdsl), notre exemple, est resté monogame jusqu'à la cinquantaine avec Khadija (que Dieu l'agrée), sa première épouse.
Ce n'est qu'ensuite qu'il a usé de la polygamie, souvent dans des conditions bien précises, tantôt pour favoriser la paix entre les peuples, tantôt pour donner un signe fort d'encouragement aux gens, en l'occurrence lorsqu'il affranchit une esclave en l'épousant, ce qui a eu pour conséquence la liberté accordée à nombre d’esclaves à l’époque.
Bien entendu, le prophète avait des dispositions particulières que Dieu lui a octroyé de part sa qualité d'Envoyé de Dieu.
Par ailleurs, il serait judicieux de rappeler que seul le Coran, parmi toutes les écritures saintes de divers courants religieux monothéistes ou pas, a limité et légiféré strictement la polygamie pour lui rendre le caractère d'exception à la règle qui est la monogamie.
N'oublions pas que la polygamie est vielle comme le monde et qu'à l'époque précédant l'Islam, les hommes prenaient les femmes comme et autant qu'ils voulaient sans aucun respect, juste pour leur plaisir. Ils enterraient même les filles vivantes. C'est dire la condition exécrable des femmes à cette époque !
L'homme agissant de la sorte en épousant plusieurs femmes pour son plaisir est purement et simplement en contradiction flagrante avec l'esprit du Coran.
Soyons donc extrêmement vigilants! Le musulman est celui qui contrôle ses pulsions et passions, pas celui qui laisse libre cours à ses plus bas instincts, surtout lorsqu’il se sert d’un texte saint!
J’espère ne pas avoir commis trop d’erreurs, inchallah !
Pardonnez-moi pour la longueur de l'exposé, mais le sujet nécessitait des explications développées.
La paix soit sur vous!